Survivre, vivre, fleurir
Sur la roche dure, là haut dans la montagne, avec une micro dose de terre, quelques larmes de pluie, dans la solitude, simplement parfois accompagnée de quelques herbes folles, elle vit, elle survit, et en plus elle fleurit. En bleu. Ou violet. Selon la lumière ou l'ombre. J'ai oublié son nom, mais on me l'a dit et on va me le redire j'espère. Fascinante je trouve. Struggle for life. La lutte pour la vie. Mais c'est comme si elle ne se battait pas que pour elle, elle le fait pour la beauté aussi, le plaisir des autres. Des photographes par exemple. Ou des simples passants. De ceux qui sauront la voir.
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- En hommage à ceux et celles qui se reconnaîtront -
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Edition de samedi :
Merci infiniment à Li, dont j'admire l'écriture depuis des années, d'avoir été inspirée par ma photo, et d'avoir écrit un texte fort, bouleversant et sincère, à partir de celle ci.
Ca se termine par : "J’attends. J’attends de croître et fleurir au milieu de la roche. J’attends la pluie et le soleil."
Et pour le reste, ça se trouve chez Lidia. Allez y ! Ca en vaut la peine, vraiment... Cette note là, et tout le reste.
Merci aussi à Myz, qui m'a envoyé des mots magiques également. Mais elle n'a pas de blog, alors je ferai une photo pour illustrer son histoire, et je publierai le tout ici. Une autre fois.
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Edition plus tard : Le blog de Lidia ayant été supprimé, je mets le texte ici :
L’hiver et le printemps sont passés à la vitesse d’un ouragan.
Ce matin mon miroir me fait une étrange confession : « Dans la profanation de ton innocence, dans l’obscénité du temps, le jaune qui rit sur tes dents, l’érosion des espoirs que tu pensais pourtant infinis, tu as vieilli. L'étrange baiser de ta mère sur ton front endormi, tu as vieilli. Tu n’as rien vu venir, tu n’as presque rien senti, ça c’est passé la nuit alors que le sommeil t’avait rendue vulnérable, sereine et périssable comme un fruit. »
J’ai envie de le traiter d’infâme salaud mais je m’en abstiens, faisant naître un sourire sur mes lèvres. Ce visage envahi de fatigue est bel et bien le mien. Je penche ma tête en arrière, les muscles de ma nuque et de mes épaules poussent un petit cri. J’expire profondément sans lâcher des yeux le reflet du miroir. L’hiver m’a vêtue d’une pâleur dont le printemps n’a pas été fichu d’y remédier. Ma nudité m’habille d’ordinaire, pas la moindre originalité dans ce corps quadragénaire. J’essaie de garder mon sourire mais il accouche d’une grimace. La salope accentue les rides qui ont pris place aux coins de mes yeux. Je reprends aussitôt mon côté sérieux. Pourtant j'insiste, je ne me démonte pas. J'essaie de relever mes cheveux trop courts avec une monstrueuse sensualité mais ce simple geste démasque la repousse des poils sous mes aisselles. Un nouveau sourire forcé s'impose, je parviens à m'octroyer un peu de grâce. Je dois me rendre à l'évidence, jamais je n'aurais dû faire ça: Rictus, grimace, rides et poils sous les bras, il est là le résultat. Ne me sentant pas encore vaincue, lascivement je coiffe les trois centimètres de chevelure qu'il me reste sur le crâne, je maquille mes yeux d'un érotisme noir, j'enduis mes lèvres d'un pourpre impudique et je file sous la douche.Bizarrement, je me sens en vie, c’est l’obligation, le planning du jour : Vivre.
Un rendez-vous comme tant d’autres.
Je me sens moche. Moi, qui n’ai jamais cherché à être glamour ou féminine, voilà qu’à quarante ans je flippe un peu de ne pas l’être. Peur de ne plus être aimée, peur de ne plus séduire. Je me trahis, j’ai toujours adopté mon naturel avec une facilité déconcertante. Pourquoi me vient-il ces idées de merde à vouloir me grimer comme une vieille en manque d’estime de soi plongeant dans la vulgarité triste et émouvante d’un maquillage de carnaval.
Une force intérieure ou une lassitude me protègent d’en arriver jusque là, un peu comme si ça ne valait plus le coup, un peu comme si j’étais arrivée au bout, un peu qui si j’étais enfin libre.
Je réalise que statistiquement, je suis dépressive, que la vie et la société m’ont « victimisée ». Ca me dégoûte, ça me fait de la peine. Mais je ne me dégoûte pas et ne m’apitoie encore moins sur mon sort. J’attends. J’attends de croître et fleurir au milieu de la roche. J’attends la pluie et le soleil.
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